Voici maintenant un mois que l'on profite à Whitehorse des activités hivernales, les couleurs rougeoyantes de l'automne ne sont plus qu'un lointain souvenir.
Je crois que l'une des choses dont je rêvais lorsque j'habitais à Lille, c'était un jour de pouvoir aller skier à ma guise. Et chaque dimanche, lorsque j'attache mes skis de fonds ou mes skis alpins aux pieds, je ne peux m'empêcher d'esquisser un petit sourire du coin de la lèvre, en me disant que je le vis ce rêve!
Dans 3 semaines maintenant je vais m'envoler pour la France, retrouver mes proches pour les fêtes, avant d'aller user mes chaussures sur les pentes du Kilimandjaro avec mon père, et ensuite aller explorer une nouvelle culture au Burkina Faso avec ma mère. Je ne pouvais pas imaginer de meilleure façon de vivre pleinement ces 6 semaines de vadrouilles, qui s'annoncent riches en retrouvailles et en découvertes. Et de profiter de mes parents, que je ne vois peut-être pas tout au long de l'année, mais chacune de nos retrouvailles est l'occasion de partager nos passions communes, et de s'ouvrir à de nouvelles contrées.
À l'aube de ce voyage, je commence à faire intérieurement le bilan de cette troisième année yukonnaise qui vient de s'écouler, pour réaliser que j'ai grandi, et beaucoup avancé ces derniers mois. Grandi de mes expériences de vie, bonnes ou plus rudes, liées à cet environnement que j'apprends à connaître un peu mieux chaque jour. Grandi dans cette communauté de 33.000 âmes que je ne cesse d'explorer quotidiennement, qui me fait chaud au coeur, et qui devient ma famille. Et avancé, parce que je sens cette année que j'ai enfin trouvé le bon chemin, celui qui me permet de combler mes propres attentes, et mes propres passions. Non je n'ai pas trouvé le boulot de mes rêves, ni la cabane de mes rêves, encore moins de partenaire de mes rêves, mais simplement une alchimie harmonieuse. Un emploi qui me permet de me sentir utile et de me payer de belles vacances, des cours qui m'enrichissent intellectuellement, un engagement chronophage mais tellement excitant dans la scène culturelle locale, des activités de plein-air tant que j'en veux, et surtout des amis et encore plus des amies, avec lesquelles je tisse des liens toujours plus grands chaque jour.
Je lisais récemment que le bonheur arrivait lorsque nos conflits intérieurs se taisaient. Je ne suis pas de ceux qui rejettent leurs conflits intérieurs, car je sais qu'ils me permettent d'évoluer, mais j'avoue que ces dernières semaines j'ai pu expérimenter cette définition du bonheur, et l'ai apprécié à sa juste valeur.
Comme rien n'est coulé dans le béton, je sais que ces moments de béatitude laisseront bientôt place à de nouvelles attentes ou de nouveaux rêves, mais chaque chose en son temps. Un ami de France me disait récemment que la vie avait l'air plus simple ici, et en un sens oui, lorsqu'on a trouvé ses marques elle l'est, plus douce aussi que celle que j'ai pu vivre en France.
La semaine prochaine je m'envole pour Vancouver pour le travail, j'en ai profité pour réserver des places pour un concert par soir, histoire d'optimiser mon retour dans la civilisation... Et surtout je réalise que je n'ai pas quitté le Yukon depuis 8 mois, et je n'ai pas ressenti cette claustrophobie qui m'a souvent envahie dans les années précédentes. L'enfermement que je pouvais éprouver dans cette contrée bien loin de tout a fait place à un sentiment enivrant de liberté de pouvoir jouir de ces espaces à perte de vue. Ce n'est pas le Yukon qui a changé, c'est moi.

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